CHAPITRE XXV
Pendant la nuit, Nom Anor sentit le villip bouger contre sa poitrine : le signal d’une communication entrante. Il resta couché, réfléchissant à une possibilité de quitter l’abri sans être vu.
Les Jedi avaient le sommeil léger, comme Harrar. De plus, alors qu’ils n’avaient pas rencontré d’animaux plus dangereux qu’un dhillith, Horn insistait pour qu’on assure des tours de garde. En ce moment, c’était le tour de Tahiri.
Le Prophète s’y collerait dans deux heures – pourquoi le signal n’était-il pas venu un peu plus tard ?
Jurant en silence, il attendit que le villip repasse au repos. Il ne se rendormit pas. Shimrra n’appréciait pas qu’on l’ignore, et n’acceptait pas d’excuses. Sa dernière et sa meilleure chance de réconciliation lui glissait entre les doigts…
Pouvait-il tuer Tahiri sans réveiller les autres ?
Oui, et si un souhait était un dha’eh, le maw luur s’étranglerait.
Nom Anor resta immobile, concentré sur la maîtrise de ses muscles pour qu’ils ne le trahissent pas.
L’heure de son tour de garde finit par sonner. Ayant pris la place de Tahiri sur la saillie, au-dessus de leur caverne, Nom Anor n’osa pas rétablir la connexion tout de suite.
Après le temps qu’il jugea nécessaire pour que la Jedi se soit endormie, l’ancien exécuteur monta un peu plus haut sur la colline afin d’être hors de portée d’oreille de quiconque. Là, il sortit la créature et l’activa.
Pendant de longues minutes, rien ne se produisit. Puis un visage hideux se forma.
Le bouffon de Shimrra, Onimi !
— Nom Anor, marmonna-t-il, Nom Anor à la réputation déplorable, l’exécuteur déchu…
— Je dois parler à Shimrra, souffla Nom Anor, furieux. Vite, avant que nos ennemis nous découvrent.
— Nos ennemis ? Quelle est donc la forteresse commune que nous avons jamais défendue ?
— Dis-lui qu’il s’agit de Zonama Sekot ! Dis-lui…
Les traits grotesques s’évanouirent, remplacés par un autre visage, infiniment plus terrifiant. Nom Anor frissonna. Un instant, il voulut écraser le villip, le jeter dans un bassin sans fond et reprendre son rôle de Prophète.
Avec ses adeptes minables, ses disciples malades, abrutis et crédules…
— Nom Anor, grogna le villip.
Bien qu’incapable de rendre à l’identique la voix terrifiante du seigneur suprême, la créature en réussissait une imitation suffisamment convaincante.
— Le plus indigne et pervers de mes serviteurs, ajouta Shimrra. Que peux-tu bien vouloir ?
— Uniquement vous servir, mon seigneur.
— Pour cela, le mieux était de te sacrifier après le désastre que tu as provoqué sur Ebaq 9.
— C’était impossible, seigneur. J’ai été capturé par les Jeedai. Depuis, je suis leur prisonnier.
— Tiens donc. Comme il est généreux de leur part de te permettre d’utiliser un villip.
— Je l’ai caché sur moi. Il n’a jamais été découvert.
— Alors, pourquoi ne t’en es-tu pas servi plus tôt ? gronda Shimrra.
— J’ai été sans cesse surveillé. Maintenant, j’ai gagné leur confiance.
— Assez ! Tu as mentionné Zonama Sekot. Ce monde a été détruit.
— Non, Seigneur-que-je-Crains, ce n’est pas vrai. J’y suis en compagnie de la modeleuse Nen Yim et du prêtre Harrar. Ils se sont alliés aux Jeedai, seigneur Shimrra. Contre vous. Contre nous.
— Harrar ? Tu veux que je te croie quand tu prétends que Harrar est un traître ?
— Convoquez-le, seigneur ! Vous constaterez qu’il est absent de Yuuzhan’tar – et même de l’espace yuuzhan vong. Comme Nen Yim.
Shimrra se tut un long moment.
— Continue, dit-il finalement.
— Deux Jeedai sont avec moi : Corran Horn, l’assassin de Shedao Shai, et Tahiri, Celle-qui-a-été-Modelée. (Nom Anor prit une profonde inspiration.) De plus, Luke Skywalker, le chef de la bande, est sur la planète, accompagné de Mara Jade Skywalker.
— Sur Zonama Sekot…
La voix du seigneur suprême vibrait d’angoisse – une idée inimaginable…
Elle empêcha presque Nom Anor de continuer. Mais il rassembla son courage.
— Oui, Seigneur-que-je-Crains. Ils sont venus pour convaincre la planète de se liguer avec eux contre nous.
— En effet…
La voix de Shimrra sembla s’éloigner – pour revenir après un instant :
— Sais-tu comment nous guider vers ce monde ?
— Mon villip peut servir de balise, et celui de Phaa Anor serait capable de me trouver si un modeleur procède aux modifications requises.
— Conduis-moi sur Zonama Sekot, Nom Anor, et les dieux te souriront de nouveau. Je te sourirai de nouveau.
— C’est mon unique désir : vous servir comme je le faisais jadis.
— J’espère que tu me serviras mieux ! (Shimrra marqua une courte pause.) Selon nos expériences, une puissance irrésistible sera nécessaire pour détruire cette planète maudite. Le gros de nos forces est engagé dans les hostilités. Il est possible, Nom Anor, que tu sois un traître qui essaye d’attirer ma flotte ailleurs pour permettre aux infidèles de conquérir Yuuzhan’tar.
— Aucune flotte n’est nécessaire, seigneur. Une frégate impériale orbite autour de la planète, et Skywalker aussi doit avoir un appareil. Envoyez un navire pour s’occuper de lui et un vaisseau de débarquement pour me retrouver.
— Idiot, rugit Shimrra, le problème, ce ne sont pas les vaisseaux des infidèles, mais la planète elle-même !
— La planète ne posera pas de problème, seigneur. Je sais comment la neutraliser. D’ici que vos deux vaisseaux arrivent, elle sera très occupée à mourir.